dimanche 20 septembre 2020

« Bartleby – Le scribe » - Herman Melville - Illustré par Stéphane Poulin



 Ce livre, c’est Bryan Perro qui en parlait je crois, il avait cité le « J’aimerais mieux ne pas » de Bartleby. J’ai été intriguée. Herman Melville, c’est Moby Dick, c’est du classique. Bartleby a été écrit en 1853 et pourtant, l’écriture au «je» est tout à fait moderne.

 

C’est le patron, avocat de Wall Street, qui écrit l’histoire. Il ne se nomme pas. Il se décrit comme un homme de loi sans ambition. D’une nature sobre, âgé d’une soixantaine d’années, avec l’heur de seulement continuer à faire rouler sa boîte dans une parfaite routine développée au fil des ans avec ses dévoués employés : La Pince, Dindon et le jeune Gingembre, le narrateur est attachant avec sa grande sensibilité et son affection pour ses copistes. D’une grande empathie pour son mystérieux employé nouvellement embauché, Bartleby, il tente de le comprendre, de percer sa carapace, toujours dans le but de l’aider, mais parfois avec des sursauts d’exaspération, puis de désespoir. Quand il découvrira que ce Bartleby s’incruste dans ses murs et son canapé, qu’il n’a finalement pas de chez soi, et qu’il refuse les ordres donnés par son supérieur par un «J’aimerais mieux ne pas» comme toute réponse, voire unique réponse jamais offerte, notre narrateur lui montre la porte. Mais Bartleby «aimerait mieux ne pas» et il ne quittera pas les murs, même quand l’avocat, excédé et en même temps contrit préférera quitter ses bureaux, déménager au lieu de demander aux autorités de le sortir. Ce sera le prochain propriétaire qui le fera… et avec remord notre avocat ira s’enquérir de lui dans les murs de la prison en prévenant le «fricotier», un mot que je n’ai pas retrouvé dans le dictionnaire mais qui serait le cuisinier de la prison, de bien le nourrir. Mais telle une feuille tombée de l’arbre à l’automne, Bartleby se laissera mourir tout comme les lettres mortes dont il se chargeait à son emploi précédent.

 

L’ergonome en moi a aussi été interpellée par le scribe, le copiste, penché sur sa table de travail de longues heures. Mal au dos, le copiste qui rehausse sa table en plaçant des buvards sous les pattes jusqu’à ce que sa table soit à la hauteur de son menton, on parle d’un toit de maison espagnole, car ces bureaux étaient inclinés. Mal au dos, puis mal aux épaules on cite… je me suis prise à me dire, hoooo sûrement mal au cou aussi ces chers scribes!

 

J’ai beaucoup aimé les planches de Stéphane Poulin. C’est des œuvres d’art. Je les ferais encadrées.

jeudi 7 mai 2020

« CONCERTO À LA MÉMOIRE D’UN ANGE » - ÉRIC EMMANUEL SCHMITT


C’était toute une musique à mon cœur quand, en fouillant dans ma bibliothèque à la recherche d’une lecture, je suis tombée sur ce livre. Je ne me souvenais pas. J’ai ouvert et j’ai vu que c’est mon ange qui me l’a offert en 2012… On ne savait pas à l’époque, quand il me l’a offert, qu’il deviendrait lui-même le titre de ce recueil de nouvelles. Quand j'ai lu le livre (car oui, je l’avais déjà lu, je l’ai réalisé en le lisant), William était à côté de moi.

Ce recueil, c’est Sainte-Rita, la patronne des causes désespérées, qui donne espoir à une certaine rédemption quand la mort pointe. Rien à voir avec William et moi. Mais somme toute, des nouvelles qui t’emmènent dans des histoires si bien ficelées, si remplies d’images, qu’on en oublie nos tourments. L’imagination de Éric-Emmanuel Schmitt est débordante. J’ai beaucoup aimé. Je suis fan invétérée.




Merci William pour ce cadeau du ciel….

Le concerto à la mémoire d’un ange de Alban Berg est magnifique en passant, je suis allée l’écouter. Il a été écrit en mémoire de la mort de la fille d’un couple d’amis. Elle avait 18 ans…

samedi 14 mars 2020

"Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates" Mary Ann Shaffer & Ann Barrows

J'avais vu le film il y a quelques mois sur Netflix. J'avais aimé, mais sans plus. Le roman est, ma foi, sans aucune comparaison avec le film. Tellement meilleur, voire vraiment différent. Je ne me souviens plus trop du film, mais il me semble que la fin est même différente. À savoir pourquoi on aurait voulu changer le contenu de l'original qui est d'ailleurs tellement original. J'ai vraiment aimé. 

Juliet est attachante. On voudrait, nous aussi, connaître les membres de ce cercle littéraire construit pour se cacher de ce qui est une désobéissance aux yeux des Allemands sous l'occupation. Une boutade qui deviendra une ouverture pour plusieurs. Juliet, écrivain, veut connaître et découvrir ces gens de cette petite île anglo-normande qui ont vécu à la dure l'occupation pendant la 2e guerre. 

Le style épistolaire campé en 1946 m'a vraiment plu. 
Encore une fois des analogies avec Victor Hugo. Ça me poursuit. 

Des amants des livres, je suis dès lors vendue. 

Une question, est-ce que l'image qu'on se prête à l'écriture est vraiment la réalité? Juliet dit qu'elle est différente de ce qu'elle projette. Oui, je la crois. 

Ici mes notes:



dimanche 8 mars 2020

"La consolation de l'ange" - Frédéric Lenoir

C’est à la sortie d’un congrès d’ergo, en novembre passé, que je me suis arrêtée au Salon du livre de Montréal. Je m’en faisais une fête! Une journée en formation, avec ma collègue que j’aime, puis ensuite, un bain de livres. Toutefois, force a été de constater qu’un nuage m’attendait quand je suis entrée. Tout me rappelait William. Le salon du livre, c’est des souvenirs de complicité mère-fils. On se faisait une fête d’aller au salon du livre. Je n’ai pas pensé que ça me pèserait autant. Je n’y suis pas restée longtemps; le nuage me suivait; j’avais la larme à l’œil tout du long.

Il y avait cependant ce livre que je désirais : le dernier de Frédéric Lenoir. Je voulais l’acheter dès sa sortie. Le titre? Je ne m’en souvenais pas. C’est l’auteur que je cherchais. J’aime M. Lenoir. Il m’apprend entre autres à vivre plus facilement, puis à réfléchir. Un philosophe qui vulgarise bien. Il fait partie de mes auteurs fétiches.

Je me suis mise à la recherche de ce livre. Je courais presque. On aurait pu croire à une fille qui fait son épicerie 15 minutes avant la fermeture du marché. Je ne voulais pas rester. Je ne voulais plus me prélasser. Je voulais quitter cet endroit trop lourd. J’ai entrevu Claudia Larochelle qui bavardait, la lumineuse Claudia, mais… rien ne pouvait me garder plus longtemps à la place Bonaventure.

Ça y’est, après avoir ramassé sur mon passage le dernier de Murakami, un autre auteur que j’aime bien, et un autre sur la prière, je tombe sur « La consolation de l’ange ». Je n’ai même pas réalisé la teneur du titre à ce moment. Je l’ai pris sans lire la 4e de couverture, payé, puis je l’ai fourré dans mon sac. Direction : métro, puis maison. Puis, le livre est resté là, sur la pile, un bout, puis je l’ai prêté à mon amie Nicole qui l’a adoré.

J’ai débuté ce livre seulement la semaine dernière, donc 4 mois plus tard. Illumination : William était avec moi au Salon du livre.

La consolation de l’ange, de mon ange. Cette vieille dame remplie de sagesse qui a perdu son fils de 20 ans dans un accident, ces citations de Victor Hugo qui, lui aussi, a perdu sa fille de 19 ans par noyade, ce n’est pas un hasard. C’est le nuage qui est éclairé par la lumière de la joie. C’est William sur son nuage tout blanc qui me rappelle de regarder autour de moi pour regarder la réalité avec ma conscience, ma pleine conscience comme on se le répète incessamment. Puis de me souvenir que l’amour, celui que je lui porte et qu’il me porte, est tout ce qui compte. Certes, la présence de William, mes lèvres sur sa joue, ses rires, le son de sa voix joyeuse me manquent, me manquent terriblement. Mais il est présent tout le temps. Il est là avec moi et me console.

Ce roman, il m’a parlé de la vie après la perte d’un enfant, de la force de la joie et de l’amour si on fait l’effort de l’entretenir. L’histoire de ce garçon qui a fait une tentative de suicide et qui se retrouve voisin de lit de Blanche dans cette chambre d’hôpital est un prétexte. M. Lenoir voulait nous partager un message d’espoir pour qui ouvre sa conscience à la réalité qui est.

« Plus notre âme a été meurtrie, plus elle peut recevoir de joie et laisser passer la lumière par ses fêlures » Frédéric Lenoir.

Une belle lumière.


samedi 29 février 2020

"Conversations avec un enfant curieux" - Michel Tremblay



Un Michel Tremblay, c’est une source sûre. C’est un des derniers cadeaux que mon fils m’a offerts. Il me reste un dernier roman offert le même jour, la journée de mon anniversaire le 22 novembre 2016, le dernier passé avec mon fils. Je ne veux pas lire ce dernier livre tout de suite. Je le retarde. Je le regarde de temps à autre. La douleur est vive quand je fais juste lire la 4e de couverture. C’est le départ d’un fils. Je relis souvent cette 4e. Mais je me garde cette lecture quand mon cœur sera plus solide, s’il peut le devenir. Deux ans et demi après le départ de William, il n’est pas tant si plus solide. Mon cœur est d’une matière qui ne durcit pas on dirait. Il faut juste apprendre à se le laisser piétiner et apprivoiser la douleur qui vient avec. Mais bon, je reviens à « Conversations avec un enfant curieux »…
 
C’est du bonbon. C’est les questions incessantes de Michel, enfant. Il tape sur les nerfs de sa mère Nana, son père, sa tante, son maîtresse d’école Madame Karlie (qui a un nom de chien!) Pourquoi? Comment? Mais pourquoi? Le St-Esprit est une question qui revient sans cesse, c’est qui? C’est un homme? Une femme? Marie a trompé Joseph? Mais en guise de réponses : Faut juste croire, Michel. Arrête tes questions!

Je me suis vraiment amusé à lire les anecdotes de l’enfance de Michel Tremblay qui aimait mieux s’amuser avec des poupées découpées qu’on habillait avec les vêtements de toutes sortes qui tenaient avec les petits bouts repliés, qu’avec le garage rutilant offert à Noël mais dont il ne savait que faire. J’adorais aussi ces poupées! Michel, curieux, qui lit, qui veut devenir écrivain. J’ai adoré.


samedi 15 février 2020

"Mon année Salinger" Joanna Smith Rakoff

Je  n'avais pas lu un aussi bon roman depuis un bout. Le monde de l'édition et des écrivains est un terrain qui intéresse la lectrice que je suis. Joanna, l'auteure, raconte sa propre expérience au sein d'une petite agence qui travaille encore à l'ancienne en 1996. Cette petite agence édite le grand et mythique Salinger, encore vivant à cette époque. On entend la frappe à la dactylo et sent l'ambiance feutrée de l'agence. On s'attache à Joanna qui, à son tout premier emploi, sort de l'université et débute sa vie d'adulte à New-York. On la voit frayer avec ses amis bohèmes, mais on ressent qu'elle n'y est pas tout à fait à sa place. La lecture de Salinger va la mener plus loin, vers ce qu'elle vise vraiment, une carrière d'écrivain. J'ai beaucoup aimé. Voir mon résumé de l'Attrape-Coeurs de Salinger, lu en 2015, et qui m'avait tant touchée.